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Période pré-concentrationnaire | Période concentrationnaire | Période post-concentrationnaire
Période pré-concentrationnaire
Avant même le début des rafles et de la déportation Avant même le début des rafles et de la déportation, dès l’apparition des premiers camps en Allemagne en 1933, certains artistes ont commencé à s’interroger sur le devenir du monde à travers leur peinture. Ces œuvres matérialisent la peur, l’incompréhension et le très net souci du respect de l’Homme.
Karl Hofer (1878-1955), un des grands représentants de la peinture expressionniste allemande contemporaine, du mouvement de la « Nouvelle Objectivité », fut l’un des premiers à peindre sur la déportation.Mais comme tous les autres artistes qui présentaient le moindre engagement contre la déporation ou d’origine juive, Karl Hofer sera classé parmi les «dégénéré» et censuré.
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Karl Hofer, Prisonniers, 1933 |
En 1937, au Petit Palais à Paris, l'Exposition Internationale rassemble une sélection de grandes figures de l'art comptemporain français et européen dans une grande confrontation pacifiste dans un climat mondial électrique, envers et contre toutes les exclusions facscistes. Très atteints par le début des horreurs de la guerre, et particulièrement en Espagne, des artistes tels que Picasso, Matisse, Derain, Gonzalez, Laurens et Braque revendiquent alors avec des oeuvres modernes leur droit au cosmopolitisme, et à travers lui, leur aspiration à la Paix.
Picasso, La madre y el niño muerto, 1937
L'art dégénéré
Affiche de l'Exposition d'art "dégénéré", Munich 1937
Le terme Entartete Kunst (art dégénéré) fut inventé par Goebbels pour désigner toutes les productions artistiques qui ne correspondent pas aux critères esthétiques des nazis.
Le 18 juillet 1938, Adolf Hitler et son ministre de la propagande, Joseph Goebbels inaugurent à Munich la Maison de l'Art ainsi que la "Grande exposition d'art allemand". Hilter utilise alors se rendez-vous culturel annuel pour témoigner du triomphe et de la supériorité de la race arienne jusque dans l'art, avec plus de 600 pièces scrupuleusement séléctionnées par Goebbels.
Goebbels et Hilter à Munich, 1937
Bien décidé à anéantir les dernières "survivances de désintégrations culturelle" et autres traces de la culture "judéo-bolchévique", Hilter inaugure le lendemain, le 19 juillet 1937 l'exposition d'Entartete Kunst à Munich. Par soucis de diffusion du message de propagande, l'expostion effectuera un tournée dans tout le IIIe Reich jusqu'en 1941.
Le parallélisme entre les deux expositions d'art était donc une vaste manoeuvre de propagande nazie, la première annonçant l'aube d'une nouvelle époque culturelle et la seconde dépeignant l'éclipse d'une époque de "décadence et de chaos" culturel.
Toutes les toiles de l'exposition d'Entartete Kunst seront brûlées publiquement.
Les artistes allemands et des pays annexés par le IIIe Reich sont alors forcés de s'exiler. D'abord réfugiés dans le reste de l'Europe, ils sont très vite contraints de rejoindre le Royaume-Uni ou les Etats-Uni.
L'art pictural comptemporain est donc persécuté. Nombre d'artistes paieront de leur vie leurs peintures, internés dans les camps comme ennemis politiques.
Période concentrationnaire
Le camp des Milles
Les Milles fut le seul camp français à la fois d'internement, de transit, puis de déportation. Ce camps était en fait une tuileries, convertie en prison par la France dès la déclaration de guerre pour y interner les ressortissants allemands. Mais il se trouve que la majeure partie des ces allemands étaients des exilés, savants, prix Nobels, antinazis et artistes peintres.
Même si l'enfermement fut très mal ressenti, le camp des Milles va très vite mettre en place une très grande activité culturelle. D'un point de vue artistique, le camp des Milles présente un grand interêt puisqu'il a enfermé quelques uns des plus grands artistes allemands de l'époque (Alfred Otto Wolfgang Schuize, Hans Bellmer Robert Liebknecht, Max Ernst), symbolisant la persécution des intellectuels et la survie de l'art dans les camps.
Les dessins et peintures du camps des Milles sont les premières preuves, d'un point de vue chronologique, du traumatisme des hommes dans les camps. L'environnement des camps, la proximité, les parasites, le désespoir des hommes, ressortent clairement des croquis et des peintures de ce camps.
Hans Bellmer, Tête de femme sur une tour, 1940
Robert Liebknecht, Bâtiment central du camp, 1939
Wols, Etude pour la puce, 1940
Il est à noter que le rassemblement de ces oeuvre n'a été possible que par le fait que le camps des Milles fut tenus par les français jusqu'à l'armistice de juin 1940. Par la suite, les nazis se serviront du camp, comme point de transit, puis comme gare de départ pour la déportation. A partir de Septembre 1942, des milliers de juifs français, livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy, seront ainsi déportés vers Auschwitz.
Malgré les camps et la répression nazie, l'art pictural ne cessera pas d'exister pendant la période concentrationnaire. Bien que clandestines, de nombreuses oeuvres (croquis, portrait, peintures, gravures) seront produites dans les camps. La plupart ont été retrouvés lors de la libérations des camps, dans des cachettes au sein même des camps ou bien sur des détenus, qui conservaient souvent au péril de leur vie.
Des scènes de la vie quotidienne
La plupart des dessins, peintures et gravures qui ont été retourvées dans les camps de concentration et d'extermination représentent des scènes de la vie quotidienne, de corvée. Distractions, témoignages, cadeaux d'anniversaire, ces oeuvres étaient aussi et surtout des exutoires à la douleur, à la souffrance, à l'horreur. La création s'opposait alors à la destruction... L'art était un défi lancé à la mort. En effet, toute création dans les camps était souvent punie de mort, et les artistes, qui gagnait souvent une certaine renommée dans leur camp, étaient forcés de se cacher, dessinant la nuit, sous les lits, cachés derrières leur camarades, évitant les rondes et les inspections des "Lagers" et des capos. Il ne faut donc pa s'étonner de l'état de certains de ses dessins, déchirés, estompés ou entâchés.
Plus de 30000 dessins on été retrouvés dans les camps lors de leurs libérations, ce qui a permit d'identifier, de regrouper et de reconstituer l'oeuvre de certains artistes.
Leo Haas
Leos Haas est un exemple de la persécution des artistes dans les camps de concentrations. Dessinateur de presse interné dans les camps pendant la totalité de la guerre, il a survécu à Theresienstadt, Auschwitz, Sachsenhausen et Mauthausen. Il fait partie de ses artistes clandestins qui, malgré la repression et même la torture, est parvenu à conserver ses dessins dans une cachette.
Leo Haas survécu aux camps, et, après la libération, parvint à récupérer ses dessins dans la cache dont il avait soigneusement relevé l'emplacement.
Les dessins de Leo Haas sont simples. Dépourvus de couleur et de graphisme grossier, ils témoignent cependant avec force de l'horreur et de l'ambiance des camps de concentration et d'extermination.
Après la guerre, il revint au dessin comme caricaturiste dans la presse communiste. Il fut aussi, toujours par l'intermédiaure de sont art, en grand défenseur de la Paix pendant la guerre du Vietman. Devenu professeur en 1966, il meurt en 1983 à Berlin.
Malvina Schalkova
Portrait, natures mortes, paysage, scènes de vie, les dessins de Malvina Schalkova sont comme des photographies. Dépourvus de toute violence, la douceur de ses fusains et aquarelles contraste avec l'agressivité et la grossièreté des traits de la plupart des autres dessins.
Des femmes au travail
Une femme et son enfant
La corvée de d"épluchage
Le repos dans les blocs
Un vieil homme
La toilette d'une déportée
Des pièces à conviction
En plus des photos prise à la libération des camps, les dessins récupérés constituent de véritables pièces à conviction des horreurs nazie et du fonctionnement des systèmes concentrationnaire et d'extermination nazis.
Certains artistes ont pu, armés de leur charbon de bois, prendre sur le vifs des scènes d'horreurs et prendre note de actes de dégradation commis sur les détenus. Chacun pouvait alors, à sa manière, selon son point de vue, apporter au témoignage communs à tous les détenus et victimes des nazis. Les enfants également, dont certains dessins ont été retrouvés, ont participé à ce témoignage.
Période post-concentrationnaire
Contrairement à l'opinion courante, les survivants aux camps de concentraion et d'extermination n'ont pas mis beaucoup de temps à se livrer au témoignage. Ainsi, de 1945 à 1948, toutes formes d'art confondues, il va il y avoir une grande production artistique sur le sujet. La période post-concentrationnaire se caractérise par sa grande expressivité. Les artistes se sont attaché à retranscrire au mieux, au plus saisissant, au plus percutant, les horreurs vécues pendant la déportation ett l'extermination.
Maurice de la Pintière
Survivant du camp de Dora et artiste de talent, Maurice de la Pintière à raconter son expérience au travers de croquis. Son oeuvre présente des scènes de la vie quotidienne classiques, mais aussi et surtout des scènes de mort, d'exécution, et du dur labeur des kommandos.
Etudiant des Beaux-Arts, Maurice de la Pintière à regroupé la majeure partie de son oeuvre sous le nom de "Dora, la mangeuse d'hommes", constituée de reproduction de lavis fait en 1945. Son oeuvre est un des témoignages picturaux les plus connus, tant par force du témoignage que par la qualité des dessins.
Zoran Music
Zoran Music, accusé d'appartenir à la résistance, fut interné au camp de Dachau, où il réalisa, au péril de sa vie, des centaines de dessins décrivant l'horreur qu'il voyait : scènes de pendaison, fours crématoires, cadavres.
De 1970 à 1975, Zoran Music revint à Dachau, dans les murs même où il fut enfermé de 1943 à 1945. Il peint et grave alors une série d'oeuvre regroupée sous le nom de "Nous ne sommes pas les derniers".
Ces oeuvres, non illustratives sont un nouveau témoignage exeptionnel de la déportation, et exprime parfaitment la douleur et les souffrances endurées.